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Lycans
22 juin 2009

Les lacs du Connemara

profil_chastel Vu le peu d'habitants de ce trou, il ne fallut que peu de temps à notre ami pour réaliser qu'il n'apprendrait pas grand chose ici. Il décida de se passer les nerfs en éventrant un berger qui l'épiait de manière un peu trop insistante. Et maintenant, que faire?
Chose étrange, même après avoir tué ce berger, une pêcheuse, une putain et deux fermiers, cette sensation désagréable d'être épié ne quittait pas le garou. On lui avait fait pas mal de battues par le passé, et il savait que l'impression d'être observé en était rarement une.
Il tendit alors ses sens, à la recherche du fou qui l'espionnait. Rien. A l'exception de deux ou trois oiseaux, de rongeurs et d'insectes, il ne sentait rien autour de lui. Pourtant...
 
"Putain Fred, faut que t'arrêtes ton délire. Personne serait assez con pour te filer le train. Et y'a pas un homme pour me prendre par surprise !"
 
Cette rodomontade avait pour but de le rassurer vaguement. Cette présence invisible l'inquiétait plus qu'il ne l'aurait avoué. Il y'avait du surnaturel là-dedans...
 
DONG !
 
Son cœur venait de faire un bond, comme s'il avait voulu quitter sa poitrine !
 
"Saloperie de cloche !"
 
La sonnerie des cloches de l'église l'avait pris de court, en effet. A l'affut du moindre soupir, ce son qui venait de déchirer le silence lui avait paru un ennemi.
 
"J'ai l'air bien con, tiens..."
 
Ce qui le poussa à se rendre à l'église est mystérieux. Un appel mystique, une tentative d'échapper à son fantasmagorique guetteur ? Ou alors juste le destin ?
En tous les cas, il le reconnut...
 
Il avait les traits racés, aristocratiques, qui différenciaient tant Tabitha des autres filles des rues. Dans sa voix, cette même espèce de vibration mesmérisante, comme le sifflement du serpent qui fascine sa future victime. Et puis, il y avait son odeur. Les années et la vie avaient beau en avoir usé le parfum, cet homme sentait la Tueuse.


Chastel n'en doutait pas, il coulait dans les veines de son Amour/Haine le sang de ce type...
 
"...In Nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti. Amen !"
 
Les paroles du prêcheur étaient bien familières à celui qu'on avait nommé la Colère de Dieu. Mais, comment ? Tabitha, fille de prêtre ? Et pourtant...
Un puzzle approximatif se formait dans l'esprit de Chastel. Ce cureton là, il avait dû engrosser la mère de Tabitha. La pauvre femme avait du avoir du mal à assumer être enceinte d'un "serviteur du Seigneur". Peut-être même qu'elle avait déjà quelqu'un, un de ces bouseux baiseurs de brebis. Et qui sait, il avait peut-être compris que la gosse ne sortait pas de son jus de couilles, et ça a même pu l'irriter. La mère de Tabitha avait surement dégusté copieux pour l'avoir cocufié. Et elle n'avait alors pas eu d'autre choix que de l'abandonner, la gosse, et dans un bordel !
 
"Fils de..."
 
Chastel contint sa colère. Il avait une idée. Prenant le chemin du confessionnal vermoulu, il attendit que les ploucs sortent de l'église et que le curé prenne place en face de lui, séparé du Lycanthrope par une grille de l'épaisseur d'un papier à cigarette.
Le Massacreur ne disait rien...
 
"Mon fils... ?"
 
Le Prêtre vit alors un poing énorme traverser la grille, l'empoigner au col et le ramener vers une gueule ornée de crocs.
 
"Excuse-moi, "Mon Père", parce que je vais pêcher. J'ai deux, trois questions à te poser ; après, promis, je te bute ! Mais si tu me réponds pas, ou si ce que tu m'apprends ne me plaît pas... ton agonie va durer un bout de temps."

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Commentaires
T
Je ne veux pas parler pour le mâle, là, mais personnellement ça devient dur d'attendre... 30 ans de séparation, c'est long ! Enfin rassure-toi, il y aura une ellipse à un moment où un autre ;)<br /> <br /> Merci pour tes petits mots, ma douce.
L
Heureuse que vos lignes continuent de se tracer. L'histoire avance belle et bien.<br /> Ce parallèle entre vos deux temps différents est superbement mené. <br /> J'en redemande. On en est presque capable d'attendre un peu plus votre rencontre. Presque !
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